Un neuroscientifique spécialiste du sommeil alerte sur l’augmentation des risques de cancer, crise cardiaque et maladie d’Alzheimer liée à la privation de sommeil
(Diane Frances/ Slate.fr) — «Il n’y a pas un élément de notre constitution biologique que la privation de sommeil n’affecte pas.» Dans une interview au Guardian, le professeur Matthew Walker, directeur du Centre for Human Sleep Science à l’University of California, Berkeley, expose les causes et conséquences de ce mal moderne très répandu qu’est le manque de sommeil.
De nombreux paramètres contribuent à favoriser les privations de sommeil, considérées comme telles lorsque l’on dort moins de sept heures par nuit. Ce sont entre autres l’éclairage artificiel, les écrans, des trajets de plus en plus longs et une frontière de plus en plus floue entre le temps de travail et le temps personnel. Ils sont à l’origine de ce que le scientifique qualifie d’«épidémie de manque de sommeil catastrophique».
S’il utilise un vocabulaire aussi alarmant, c’est que le manque de sommeil provoque des maladies graves: cancers, diabète, maladies cardiaques, accidents vasculaires cérébraux, maladie d’Alzheimer, obésité, problèmes de santé mentale, etc.
«Je dors moi-même huit heures par nuit, et c’est non négociable, déclare Matthew Walker. Je prends mon sommeil très au sérieux parce que je connais les risques. Quand vous comprenez qu’après seulement une nuit de quatre ou cinq heures, le nombre de vos cellules tueuses naturelles -qui éradiquent les cellules cancéreuses apparaissant dans votre corps chaque jour- chute de 70%, ou que le manque de sommeil est lié aux cancers de l’intestin, de la prostate et du sein, comment voulez-vous faire autrement?»
Dans son livre Why We Sleep, à paraître début octobre, le chercheur dresse des constats simples et sans appel à partir d’une vingtaine d’études épidémiologiques qui établissent toutes la même relation causale:
«Sans sommeil, peu d’énergie et des maladies. Avec sommeil, vitalité et santé. Plus votre temps de sommeil est court, plus courte sera votre vie.» (…)