(Allodocteurs.fr) — Les femmes sont plus douillettes que les hommes, plus émotives, plus dépressives aussi… Les préjugés sexistes ont la peau dure, y compris dans le domaine de la santé. Ces idées reçues influencent même les médecins, la recherche et le comportement des malades jusqu’à parfois fausser le diagnostic ! Le comité d’éthique de l’Inserm s’est penché sur la question. À l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes, Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche à l’Inserm fait le point sur la situation.
Les femmes sont-elles moins bien soignées aujourd’hui que les hommes ?
Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche à l’Inserm : « Il ne faut pas faire de généralités, mais une série de recherches et de données de santé sont en défaveur des femmes. Au-delà des facteurs génétiques et hormonaux qui différencient effectivement les femmes et les hommes, il existe toute une série de stéréotypes qui influent sur les représentations que les hommes et les femmes ont de leur santé. En fonction des symptômes, ils n’auront pas les mêmes réactions, ne consulteront pas au même moment. »
Mais les professionnels de santé réagissent-ils différemment selon le sexe de leur patient ?
Nathalie Bajos : « Les pratiques professionnelles sont souvent différentes en effet. Les conséquences peuvent être très lourdes. On pense souvent, à tort, que l’infarctus du myocarde est l’apanage des hommes stressés… C’est faux. Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité des femmes en France. En cas d’insuffisance cardiaque, une étude récente a montré qu’à symptômes équivalents, on propose beaucoup plus souvent la pose d’un défibrillateur a un homme qu’à une femme. Ce geste augmente pourtant les chances de survie. Face aux stéréotypes de genre, les traitements proposés ne seront pas les mêmes. » (…)