(Pauline Gravel/ Le Devoir) — La majorité des études qui font l’objet de publication surestiment la prévalence de la dépression en raison de l’utilisation d’outils de dépistage inadéquats, révèle un article qui paraît aujourd’hui 15 janvier dans le Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC). Les auteurs de cet article s’inquiètent des conséquences d’une telle exagération qui induit en erreur les cliniciens et les médecins de famille, qui risquent ainsi de prescrire des traitements antidépresseurs à des patients qui ne sont pas réellement atteints de la maladie.
Chercheur à l’Institut Lady Davis de l’Hôpital général juif et professeur au département de psychiatrie de l’Université McGill, Brett Thombs et ses collègues ont remarqué que, dans la grande majorité des études qu’ils ont examinées, les chercheurs avaient fait appel à des questionnaires de dépistage que les patients remplissaient eux-mêmes pour estimer la prévalence de la dépression. Or, les enquêtes menées à l’aide de ces questionnaires d’auto-évaluation rendent compte d’une prévalence de deux à trois fois plus élevée qu’elle ne l’est en réalité, ou du moins de celle obtenue en procédant à des entretiens diagnostiques approfondis avec un spécialiste en santé mentale.
À titre d’exemple, les auteurs citent une première méta-analyse synthétisant les résultats de 40 études menées chez des patients ayant subi une chirurgie bariatrique, une intervention pratiquée sur des personnes obèses et qui vise à réduire le volume de l’estomac afin de diminuer leur capacité de manger. Selon 34 de ces études qui avaient estimé l’état psychologique des patients à l’aide d’un questionnaire d’auto-évaluation, la prévalence de la dépression parmi ces patients s’élevait à 19 %, alors qu’elle ne dépassait pas 8 % dans les 6 études où un médecin s’était entretenu avec chaque patient. (…)